Avant son départ pour une résidence d’une durée de deux mois à Istanbul, Maude Maris a accepté de nous recevoir dans son atelier lumineux et méticuleusement rangé.
Maude parle volontiers de son travail, avec précision et clarté. Elle décrit ses compositions comme des architectures d’émotion.
Elle nous explique débuter son processus créatif toujours de la même façon. En effet, elle commence par fabriquer des moulages de petits objets du quotidien trouvés ou chinés dans des brocantes ou offerts. Il peut s’agir de poupées, d’ animaux, de statuettes, ou encore de petites branches ou de fossiles.
Ces reproductions sont ensuite regroupées par thèmes et par familles, puis posées et rangées sur des étagères visibles. L’artiste va ensuite en sélectionner quelques-unes et les mettre en scène, une mise en scène qu’elle va photographier.
C’est alors qu’elle va peindre cette image. D’une part, en augmentant son échelle plus de 10 fois. Et d’autre part, en manipulant les surfaces, en ajoutant des ombres, et en travaillant la gamme chromatique.
La métamorphose des objets est saisissante, ils sont méconnaissables par rapport au modèle d’origine, allant jusqu’à obtenir une, voire plusieurs nouvelles identités. Le processus créatif est conçu ici comme une série de filtres. Ils servent à créer une distance entre les objets originaux et la peinture finale. Il s’agit d’une façon de faire analogue à la cartographie et à la modélisation effectuées par les systèmes graphiques informatiques.
Bien que bi-dimensionnelles, les peintures de Maude Maris sont clairement influencées par la sculpture dans leurs propriétés visuelles, formelles, voire charnelles.
« Ses compositions semi-abstraites combinent de manière inhabituelle des références à des objets et à l’architecture des cultures anciennes et des civilisations contemporaines. En fossilisant le présent, elle crée des passages entre le passé et aujourd’hui. Elle simule des mondes archaïques avec ses propres objets, comme des fantasmes de sculptures ».
Les oeuvres de Maude Maris sont déjà dans des collections majeures comme : Artothèque de Caen ; Musée des Beaux-arts de Rennes ; Colas Fondation ; FRAC Auvergne ; FRAC Basse-Normandie and FRAC Haute-Normandie.