L’exposition « Force de la Nature » à découvrir au Musée national de céramique de Sèvres du 26 Septembre 2018 au 1er Avril 2019 met à l’honneur 3 artistes norvégiens contemporains internationalement reconnus dans les domaines de la céramique et de la tapisserie : Marit TINGLEFF, Kari DYRDAL et Torbjørn KVASBØ. 68 œuvres dont certaines en grand format ont été réalisées spécialement pour ce projet et sont réparties sur les 3 niveaux du musée couvrant ainsi 1500 m2 de présentation.
Amis dans la vie, leur travail a pour point commun leur proximité avec la nature dont ils expriment chacun à leur façon, la force et la capacité de métamorphose.
La série de tapisseries de Kari DYRDAL intitulées Watermarks et sous-titrées Mirroring (2015) est inspirée des Nymphéas de Claude MONET et plus précisément de celles déployées dans l’immense salle circulaire du musée de l’Orangerie à Paris. L’artiste a volontairement choisi une gamme chromatique restreinte noire et blanche, respectant ainsi une certaine austérité, tout en insérant quelques ruptures colorées dans la répétition du motif tissé représentant un plan d’eau agité par le vent et le courant, invitant ainsi l’observateur relancer son attention. Sublime invitation à la rêverie.
Torbjørn KVASBØ s’est approprié, lors d’un voyage au Japon en 1984, les méthodes ancestrales de cuisson à bois Anagama dans des fours-tunnels permettant de longues cuissons à hautes températures de plus d’une semaine. Des cendres de bois et de végétaux sont jetés au cours de la cuisson et s’incorporent à la matière pour obtenir des surfaces très brutes chargées d’aspérités et de nuances qui séduisent le céramiste qui de retour en Norvège s’inspire de cette technique et crée son propre four de 7 m3 lui permettant ainsi de travailler de très grands formats, ce changement d’échelle lui ouvre les portes des plus grands musées et collectionneurs internationaux. Ses sculptures tubulaires expriment l’énergie et l’élan vital, la « Stackers Series » aux couleurs vives et au caractère ascensionnel évoquent l’imaginaire d’un système circulatoire interne du corps humain. Cet empilement de tubes et de tuyaux en terre réalisées avec une extrudeuse manuelle (ne pas manquer la petite vidéo présentant le plasticien en plein création dans son atelier) fait écho à toutes les formes de croissances et d’excroissance végétales qui fascine l’artiste grand observateur de la nature qui l’entoure.
L’exposition présente également un lustre monumental, une suspension en grappe d’une multitude de vases aux formes diverses en porcelaine brute non émaillée moulés à partir de formes traditionnelles, chaque vase est percé et accroché par un câble métallique à une chaîne centrale, selon une architecture extrêmement complexe permettant d’agglomérer les vases de façon compacte et tournoyante. La mise en œuvre d’un tel objet fait l’objet d’une vidéo « in progress ».
Marit TINGLEFF a quant à elle renouvelé la tradition potière à échelle architecturale en créant de grands plats et plaques murales. Artiste muséale, ses œuvres sont exposées dans de nombreuses capitales européennes. Elle a recours à la technique ancestrale du colombin pour monter ses pièces et privilégie les formes les plus rudimentaires afin « d’enraciner » son acte de création contemporaine à la racine des formes vernaculaires du passé. Elle se place à contrecourant de ses pairs en privilégiant la faïence sur le grès et un panel de couleurs très restreint.