Frédérique Valentin
Frédérique Valentin

Entretien avec Frédérique VALENTIN, du Marais à la Manufacture de Sèvres …

Il y a un an Frédérique Valentin quittait la Galerie éponyme “Chez Valentin” implantée dans le Marais, co-créée et co-dirigée en 1994 avec Philippe Valentin. Tous deux réputés et appréciés pour leurs engagement, fidélité et passion, n’avaient pas leurs pareils pour découvrir de jeunes talents prometteurs, qui  pour la plupart d’entre eux sont devenus depuis de grands noms de la scène artistique française tels Laurent Grasso, Mathieu Mercier, Pierre Ardouvin, David Douard … Frédérique est depuis lors à la tête du département commercial de la Manufacture de Sèvres, j’ai eu envie de prendre de ses nouvelles et qu’elle nous parle de ce merveilleux endroit …

1/ Quelle chance vous avez Frédérique de travailler à la Manufacture de Sèvres, côtoyer les maîtres artisans au savoir-faire inégalé et les collections prestigieuses du Musée !

Mes années d’études m’avaient amenée à étudier la céramique, et Sèvres était restée un souvenir qui a toujours entretenu mon imaginaire. Certaines des productions de design étaient restées des icônes pour moi et nourrissaient une seconde passion en dehors de l’art contemporain.

J’ai rejoint Sèvres avec beaucoup d’émotion. C’est une bulle extraordinaire dans le champ de la création. Il existe peu de lieux d’excellence à ce niveau dans le monde pour les arts. Traverser au quotidien les ateliers, croiser les artisans est une chance unique.

2/ Comment la Manufacture créée en 1876 a su évoluer avec son temps et attirer un nouveau public ?

La dimension magique de Sèvres réside dans son rapport au temps. Sèvres a toujours été contemporaine quel que soit son époque. On imagine Sèvres à sa création mais chaque année de son existence est une innovation avec les artistes et les artisans.

Sèvres est par tradition un lieu de collectionneurs, d’amateurs très attachés à la création. Deux tiers de l’activité est consacré à l’art contemporain et au design, et l’autre tiers à préserver le savoir-faire. C’est l’excellence de son savoir-faire qui a permis à Sèvres de conserver son pouvoir d’attraction auprès des collectionneurs et des artistes.

3/ En quoi consiste votre travail ? Votre précédent métier de galeriste est certainement un atout ?

Je gère le service commercial au travers de deux lieux : un showroom à Sèvres même, et une galerie au Palais Royal à Paris.

Je poursuis donc l’aventure de l’art de la même manière, vivre l’art en le proposant à des collectionneurs et des amateurs à travers des expositions et des foires.

Sèvres est un lieu riche et secret et en cela il rejoint ma personnalité. Une certaine discrétion laissant toujours parler les oeuvres et les artistes avant toute chose. Ma passion pour l’art s’inscrit ainsi pour moi . Les oeuvres parlent pour nous-mêmes, j’ai toujours donné une grande place à l’analyse des oeuvres et à la transmission de la parole de l’artiste auprès des collectionneurs. C’est un échange unique que j’ai cherché à préserver et qui m’a permis toute ma carrière d’être dans un sincère échange avec les collectionneurs: Ne rien retirer à l’oeuvre de ce que l’on doit de la vendre mais plutôt être dans un moment unique de rencontre.
Je travaille tout autant avec la production, la communication qu’avec mon équipe de la galerie et du show room. J’exerce toujours ce métier où la magie des choses se révèlent dans les expositions, et le partage avec le public.
Si les ateliers de la manufacture se sont arrêtés le temps de la pandémie, ce fut également un moment pour initier l’exposition
“l’objet, l’artiste et le designer” durant la “design week”. L’exposition s’attachait à montrer les relations de l’art et du design à Sèvres. L’exposition parcourait toutes les générations d’artistes et de designers. Elle m’a permis entre autres de montrer des icônes de Sèvres comme la coupe dimanche de Borek Sipek mais également des collaborations plus secrètes comme celle de Marie-Ange Guilleminot, Marc Couturier .
Ce confinement m’a également incitée à engager un travail d’analyse de fond sur les invitations d’artistes et de designers à Sèvres. Comme toutes les galeries, nous avons initié des transitions vers le numérique dans notre activité mais nous avons conservé des moments très privilégiés avec les collectionneurs à Sèvres.

4/ Parlez-nous des projets sur lesquels vous travaillez ?

C’est un travail d’équipe. Sèvres est une très grande mécanique dont le moteur est l’atelier des artisans et les projets des artistes. Nous vivons au rythme des sorties des projets des artistes pour lesquels je travaille à la mise en place d’un programme d’expositions et d’une stratégie commerciale globale. Nous gérons presque les estates de projets d’artistes qui datent du XVIIIème siècle à nos jours à l’image des galeries.

Les œuvres ont un parcours et nous devons leur donner une réalité commerciale.

L’un des grands projets qui se prépare est celui du prochain four à bois qui réunira trois artistes en octobre prochain.

C’est une opération magique qui réunit un savoir-faire patrimonial perpétué et des projets artistiques inédits.

Alors qu’en ce moment à la galerie, nous présentons l’exposition de la jeune artiste émergente Zoë Paul qui fait suite à son exposition au MOMA à New-York l’an passé.

https://www.sevresciteceramique.fr