Quelles sont vos influences ?
Je croise la plupart du temps trois influences pour faire mes tableaux :
D’une part ma vie personnelle, je pars toujours d’expériences vécues, quitte à voyager pour faire un tableau.
Je m’intoxique également de lecture, d’essais et d’autres arts, cela nourrit mon point de vue.
Enfin mon goût pour l’histoire de la peinture m’incite à voir le réel avec un regard classique, ce qui me pousse à l’exigence et me permet de trouver dans le flux ce qui peut relever de l’invariant.
Vos obsessions ?
L’obsession ne m’intéresse pas, surtout parce que je reste navré par des carrières d’artistes étroites, répétitives et un peu trop commerciales sans risques.
Je m’intéresse au réel, au monde des apparences et cela me permet la variété des sujets, matières et couleurs.
Je reste encore dans l’étonnement d’être vivant.
Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)
Je suis souvent le moins mécontent de mes dernières productions.
Récemment j’ai peins un tableau d’une vue de la salle des contrôles des radars de la ville de Pripiat. La ville, proche de la centrale de Tchernobyl a été évacuée du jour au lendemain, c’est comme un Pompéi de 1986 en Union Soviétique. Le sujet est compliqué mais je suis content du calme de la lumière traversant les décombres de cet espace inhumain. La radiation ne permet pas d’y trainer. C’est beaucoup dû à la sérénité paradoxale du traitement, j’ai pris beaucoup de plaisir à le peindre en deux mois.
Légende Photo : Détail « À Pripiat » huile sur toile, 150x200cm, 2020
Emmenez-nous quelque part
L’ailleurs ne m’intéresse pas, l’étrangeté de l’ici est tellement épaisse.
Je conseillerai une conférence de l’ingénieur Jean-Marc Jancovici sur les vertiges en cours et à venir pour notre civilisation thermo-industrielle. Il asséne un peu avec des blagues pas forcément drôles mais c’est dense et informatif.
Nous subissons le manque d’anticipation de la crise de la covid, il me paraît pertinent de se documenter sérieusement pour anticiper au moins pire la crise climatique.