Quelles sont vos influences ?
J’ai redécouvert la peinture de Monet récemment, j’avoue l’avoir mise au placard pendant quelques années mais c’est aujourd’hui une référence majeure dans mon travail. Je passerai des jours entiers à regarder les nymphéas au Musée de L’Orangerie.
L’atmosphère qui s’en dégage est quelque chose qui vous enveloppe et dans laquelle vous pouvez vous perdre. J’adore cette sensation.
Je regarde aussi beaucoup Andrew Wyeth, Cézanne, Luigi Ghirri, Hans op de Beeck, Moebius, David Hockney, Joachim Patinir…
J’ai toujours beaucoup observé ce qui se passait du côté de l’archéologie, des ruines, des vestiges et des civilisations antiques. En Amérique surtout et ces dernières années, autour du bassin Méditerranéen.
Pendant mes études j’ai eu l’occasion de travailler en tant qu’assistant pour Jérôme Zonder. Cette expérience à fait mûrir mon travail et ma réflexion sur le dessin contemporain. Cela m’a aussi permis de renforcer ma posture de dessinateur au sein d’un milieu majoritaire de peintres, dans lequel j’évolue…
Vos obsessions ?
La question de la ruine revient souvent. Lors de mes voyages surtout, et donc dans mon travail. Tous ces temples et toutes ces formes désactivées en apparence me donnaient la sensation d’une monumentalité insurpassable lorsque j’étais enfant – Et pourtant toujours aussi forte à 30 ans.
Je tente aujourd’hui de restituer cette impression dans mon travail, l’idée de sanctuariser et de sacraliser des étendues de la terre me paraît poétique et j’aime dessiner mes personnages perdus dans leurs pensées au milieu de ces formes qui les dépassent.
Je suis fasciné par les récits de voyages et récits d’aventures, les écrits de photographes et de reporters. Enfant, je lisais beaucoup les aventures de Tintin.
Je m’amuse encore aujourd’hui de voir à quelle vitesse le récit avance, d’une case à l’autre, tout vas très vite et à la fin de la BD on a parfois l’impression d’avoir fait le tour du monde.
Aujourd’hui ce sont les «Enquêtes» d’Hérodote qui me fascinent, le premier grand reporter/journaliste, le «Père de l’Histoire».
Il voyage, observe, discute et accumule une masse énorme de matériaux provenant de lieux et d’époques variées.
Cela a fait écho avec mon travail dans la mesure où je prélève des éléments issu d’observations du réel, à l’aide de photographies argentiques, polaroids et prise de notes dans de nombreux carnets. Et qui me fournissent la matière dans laquelle je puise.
Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)
Je garde un très bon souvenir d’une résidence effectuée en Bretagne en 2018 où j’ai eu l’opportunité de vivre et travailler dans un cadre magnifique, aux lumières et aux atmosphères changeantes qui sont les deux éléments auxquels je donne la primauté dans mes recherches.
Ces trois mois de résidence m’ont surtout permis d’affirmer mon processus de travail. Entre prélèvement de formes du réel, notes, carnets et restitutions en atelier.
Cette cadence de travail ne me quitte plus et devient un véritable moteur dans ma pratique.
Emmenez-nous quelque part
Le lac du Crès, au Nord-Est de Montpellier.
Nous avons toujours beaucoup voyagé avec ma famille, et ce lac artificiel, caché par les cyprès et les vignes est le seul endroit où je me sens vraiment chez moi.
Les cigales chantent et il y a un couple de cygnes et un gang de canards au bord d’une eau parfaitement plane.
J’aime beaucoup la simplicité de sa géographie, réduite à ces éléments l’air, la terre, l’eau.
Le soleil y tape fort et c’est un peu mon Arcadie à moi.
Légende Photo :
Theright path, Aquarelle sur papier, 22 X 28 cm, 2020