Quelles sont vos influences ?
J’ai commencé et appris à regarder la peinture et à peindre en pratiquant des graffiti aux alentours de 14-15 ans, mon regard sur l’art s’est développé par une appréhension du décor urbain et naturellement mes influences sont portées par les esthétiques du monde moderne, industriel et par les différentes formes d’énigmes plastiques que le vocabulaire de la ville propose.
Ppuis, de manière plus traditionnelle, en terme de références artistiques, je dirais que les chocs qui ont formé mes influences sont la découverte des expressionnistes abstraits américains, puis les nouveaux réalistes, et les supports surfaces.
Vos obsessions ?
J’adore l’idée de l’interprétation, se nourrir de quelque chose pour en sortir quelque chose d’autre, cette alchimie qui pousse à trouver une réponse plastique à une observation notable du quotidien. J’aime beaucoup l’idée de l’anecdote je trouve l’anecdotique tout sauf péjoratif car au contraire il y a un vrai travail à fournir pour faire grandir une petite chose, lui donner du sens et de la force par le biais d’une forme nouvelle et personnelle.
J’adore l’idée aussi de la blague, je ne suis pas convaincu que l’art doit être sérieux c’est difficile de dire que mes travaux respectent cette réponse mais, je m’y attelle.
Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)
Comme beaucoup d’artistes la satisfaction ne dure pas très longtemps mais, j’ai beaucoup aimé produire et présenter “lost property”.
Une exposition personnelle chez Ruttkowski68 en février 2019, il y avait un corpus de peintures qui d’après moi tenait la route, et une série de sculptures en double vitrage dont j’étais assez satisfait.
Il s’agissait de paravents érigés comme des petits buildings dans l’espace qui racontaient comment conserver des déchets, rebut et autre trouvaille de matériaux de chantiers coincés dans des doubles vitrages comme pour les figer dans le temps. Un genre de taxidermie ou d’herbier du béton.
Quasi tout dans ces sculptures a été trouvé dehors y compris les plaque de verre, il y avait un mélange entre la peinture, le volume et le collage qui m’avait fourni beaucoup de plaisir, une espèce de mise en lumière très fonctionnelle et formel de l’idée de récupération et d’occultation.
Emmenez-nous Quelque part
On pourrait faire un tour à Leroy Merlin, car on n’a rien sans rien, et se fournir en matériel de peinture et en outillage reste quand même un plaisir.
On pourrait faire un tour dans les allées de cette espèce de grand musée où tous les types d’objets existent, tous les matériaux, toutes les formes et toutes les couleurs… je trouve les magasins de bricolage assez fascinant. Tout y est bien foutu, les objets en soi, les packagings toujours plus élaborés, l’organisation des rayons, et j’ai toujours aimé y observer qui y fait quoi, et pourquoi, du gentil bricoleur d’un jour aux massifs ouvriers polonais.
N’importe quel outil propose un résultat différent si on s’en sert, je trouve que c’est une formidable source d’inspiration. Travailler sur une œuvre reste d’après moi une succession de problèmes à résoudre, et ça n’est pas systématique mais, c’est un endroit où l’on y trouve des solutions.
De plus, ça a toujours été un espace de jeux. Un jeu qui a commencé il y a 15 ans, alors que se fournir en matériel de peinture était trop couteux, seul, ou accompagné, les boutiques type Leroy Merlin ont toujours été des zones de cache-cache pour dissimuler des produits sur soi sans passer par la caisse, l’art coûte cher de manière générale si l’on s’aventure plus loin que l’achat de simples aquarelles du dimanche.
J’y ai toujours dérobé mon matériel ce qui m’a apporté une grande liberté artistique je crois.
C’est un véritable lieu qui mêle différents types d’excitations pour moi autant sur le plan créatif que récréatif.
Photo Légende :
“Lost Proporty” Vue d’exposition, 2019 – Ruttkowski68 Gallery, Cologne – Crédit : Nills Muller
Artiste Bio :
https://galeriegaillard.com/artists/10030-pablo-tomek/exhibitions/