Quelles sont vos influences ?
Certains artistes m’ont grandement influencé lorsque j’étais encore étudiant et cela a perduré par la suite. Je citerai en premier Santiago Sierra pour la radicalité de ses propositions, sa manière de questionner le travail et son exploitation, c’est aussi fondateur chez moi puisqu’il souligne l’importance du rôle social de l’artiste. Il me paraît inévitable de ne pas évoquer Rachel Whiteread qui a fortement influencé mon travail surtout dans mes premières installations (membranes), le désir d’aller me confronter à de “gros volume”, mais plus le temps passe et les recherches s’affinent je m’éloigne de l’influence de cette artiste. Il a un classique qui est aussi inévitable pour la mélancolie qui est omniprésente dans ses peintures : Edvard Munch. Ce sont des références importantes, monumentales, mais je regarde avec une très grande attention les propositions de nombreux artistes contemporains (monumentaux aussi !) : Claude Lévêque, Alain Declercq, Christian Boltanski, Myriam Méchita …
Le dessin sous forme de gravure, eaux fortes, avec un spectre très large de motif et de façon de traiter le dessin.
La rencontre avec certains artistes aussi ont fait bouger quelques lignes sur le volet “social” et “interactif” de la mise en œuvre de certains travaux, par exemple Rikrit Tiravanija. Influence qui m’emmène jusque dans des prisons ou hôpitaux pour être au contact de personnes qui elles même interviennent dans les fondamentaux de mes recherches.
Vos obsessions ?
Je tourne continuellement autour d’un seul et même désir : la liberté, la vie sans contraintes, sans obstacles. Je pourrai même légèrement dévier sur juste le fait de tenir debout quoi qu’il arrive ou quoi qu’il en coûte. Cette obsession, qui provient d’un ressenti personnel vis à vis de mes propres expériences de vie, me mène dans des espaces qui sont parfois des hauts lieux de la Résistance française, rencontrer les acteurs de ses évènements, ou encore comme je le dis plus haut, en milieux carcéral. Cela me mène perpétuellement dans des milieux dans lesquels on se pose forcément ces questions-là, cela peut être aussi le milieu ouvrier, rencontrer dans malade dans des hôpitaux. Mes lectures sont orientées aussi dans ce sens “Sabotage, d’Émilie Pouget», «Miracle de la rose, de Jean Genet” … Sans oublier la musique ou le cinéma que je peux écouter ou regarder.
Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)
Une réalisation en appelle toujours une autre, plusieurs autres. Je parlerai plus d’une pièce qui m’a donné de nouvelles idées que d’une pièce qui m’a donné satisfaction sur le moment. La petite clef que je réalise en céramique dentaire “Quartier des femmes mineures, prison de baumettes, Marseille” m’a permis de comprendre qu’il était important pour moi de parler de “matière signifiante” tout comme pour les dessins à la limaille de fer, les volumes en béton sucré etc. …
C’était aussi l’entrée d’une réflexion avec le matériau céramique, de là j’ai réalisé les pièces “Ergonomie de la révolte” et “15 janvier 1972” qui sont successivement des briques et des tuiles qui vont directement traduire un désir fort de sentiment de liberté. Et puis les premiers échanges avec des artisans et ouvriers, tout un monde vers lequel je me dirige.
Emmenez-nous quelque part
Très loin … quasiment l’autre bout du monde. Parti en résidence quelques semaines à Hobart en Tasmanie, île du sud de l’Australie, je pris le temps d’aller poser le pied sur “Isle of the dead”. Il s’agit d’une petite île sur laquelle on enterrait les morts de la prison de Port Arthur, détenus comme officiers, ou famille d’officiers”. La portion de terre n’est pas plus grande qu’un terrain de football, elle est couverte d’arbres, majoritairement des Eucalyptus, un chemin se dessin à travers l’île, cela nous permet de naviguer de part et d’autre. On rencontre en son centre une maigre centaine de pierre tombales, quasi toutes prêtes à se coucher à cause du vent.
Je repars de là-bas en ramassant une graine d’Eucalyptus probablement, arrivé en France je tente de la faire pousser …