Quelles sont vos influences ?
Ce qui me fit la plus forte impression, enfant, c’est le portrait d’un vieillard qui trônait dans la salle à manger et deux ouvrages du même bonhomme cachés dans l’armoire de la chambre d’un oncle : Léonard de Vinci.
J’ai la sensation qu’il dit tout et qu’il pourrait être le creuset de toutes nos inspirations. Encore aujourd’hui en contemplant ses codex, ses dessins, je me dis que le chemin pour devenir un bon dessinateur est encore long, un penseur accompli encore plus long.
D’autres m’ont fortement impacté, Durer pour sa précision, Brueghel pour sa folie, Rembrandt pour son humanité. Il y a aussi Velasquez , Goya, Van Gogh, les surréalistes, Giacommeti, Topor, les hyperréalistes.
Aujourd’hui, énormément d’artistes m’inspirent. Mais l’influence première, celui qui a droit de regard sur mon travail c’est, depuis 15 ans maintenant, Antoine Roegiers. J’ai la chance depuis les Beaux-Arts de Paris de continuer ce cheminement mental qui nous amène en novembre à exposer pour la première fois ensemble à Genève.
Vos obsessions ?
Les arbres, les arbres, les arbres. Sous toutes leurs formes, dénudés ou touffus, longilignes ou biscornus. Depuis mes 8 ans j’ai cet appétit pour dessiner les branches et leurs circonvolutions. J’ai surtout un vrai plaisir à les regarder. Ils me touchent et je ne suis jamais lassé par ce spectacle, comme si chaque fois je le découvrais pour la première fois.
Il y a les cheveux qui flottent, les mains tendues, une robe de ma femme, la nuque de mes enfants et les poils de barbe, voilà pour mes lubies.
Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)
Je serais tenté de dire aucune. Pas par modestie, mais parce que c’est vrai. Je ne vis que dans le projet à accomplir et une fois au mur ou mes sculptures dans l’espace j’ai la sensation que ça n’est toujours pas ça.
Il y a un dessin qui me plait, c’est un autoportrait de dos où le haut de ma tête devient le tronc d’un arbre. Il y a le dessin ou la sculpture à venir peut-être …
Emmenez-nous quelque part
Beaucoup de lieux sont la matrice de mon travail. Celui où j’aimerais vous emmener est très proche de moi, ce sont les bords de Loire. En cette saison, l’eau est très basse, le fleuve s’est comme absenté par endroit, laissant découvrir ses entrailles. Des pierres blanches et rondes, des bâtons comme des os creux, des morceaux de verre pâles et polis.
Il y a des îles inaccessibles en hiver que l’on atteint sans mal, en mouillant les chevilles.
Des arbres touffus et verts qui ont résisté aux flots qui parfois les submergeaient. Il y a tout autour un paysage qui n’a pas changé depuis 300 ans. Des oiseaux affairés, des grues, des corneilles, des cygnes. Il y a ces endroits ombragés où l’herbe est haute et semble transpirer, ou parfois je cherche le repos dérangeant par l’empreinte de mon corps cet agencement si parfait.
Légende Photo : Île