Axel Roy
La montgolfière, exposition par bycollectors © Antoine Ott

Vos Influences

Alain Damasio. Cet auteur me passionne, c’est un écrivain qui se qualifie lui-même comme faisant de la science-fiction de sciences humaines et il a une véritable écriture démocratique : « Le réel s’exprime de plusieurs cerveaux, de plusieurs têtes, de plusieurs corps, ça c’est fondamental ! Il y a plusieurs visions du monde qui doivent être portées et ça c’est politique d’emblée »1.

Lorsque je cherche, j’essaie toujours d’avoir une approche extérieure, un comportement de guetteur, bien trop conscient que – si je suis vu – l’expérience perd en neutralité. J’ai donc plus une approche scientifique qui se résume en : observer le monde et le transcrire. Je suis dans le vif, je transforme.

L’œuvre d’Alain Damasio m’a permis d’avoir une deuxième lecture dans mes projets et de repenser le statut d’une pièce quand elle est achevée. J’avais déjà cette approche de la distance interpersonnelle, ce qu’on appelle la réserve : le blanc comme une épargne qui conserve un hypothétique « advenir », qui me permet d’éviter l’idée nécrologique de « travail fini ».

Mais la liberté qu’Alain Damasio convoque dans la constante mutation des mots et du texte me renforce dans mon intuition d’en faire autant avec mes dessins. Plutôt qu’œuvre ou pièce je les nomme, script, brouillon, palindrome, anaphore, pour conserver le statut « en cours de réalisation ». Aussi, je change souvent les titres de mes dessins.

Ça m’ennuierait d’emmener quelqu’un dans un univers fixe et mortuaire, au lieu de ça je préfère proposer des « coupes mobiles », en reprenant à Gilles Deleuze ce concept qu’il a suggéré à propos de l’« image-mouvement » au cinéma

Dans la création contemporaine, je m’inspire aussi du travail de plasticiens, danseurs et vidéastes qui me nourrissent, pour en citer quelques-uns : Jérôme Bel, Mark Geffriaud, Lénio Kaklea, Xavier Le Roy, Robert Longo, Roman Ondak, Emmanuel Régent, Zbigniew Rybczyński, Kerry Skarbakka, Rachel whiteread, Krzysztof-Wodiczko, Gao Xinjiang, Annie Vigier et Franck Apertet.

1Dans un entretien à Mediapart ; Alain Damasio : « La science-fiction se doit de proposer des alternatives », 30 : 40

https://www.youtube.com/watch?v=addb60vjqx4

Vos Obsessions

Le « vivre ensemble », selon l’approche du philosophe Jacques Rancière. Pour moi, il faut constamment rappeler la présence d’un « découpage du sensible », car il s’agit, comme le démontre Rancière, de l’opération dynamique par laquelle le sujet se constitue lui-même comme individu en opérant des distributions dans ce qu’il voit, ressent, imagine, pense, dit, écrit et crée.

C’est en travaillant sur les vides, les entre-deux, les manques, que je rappelle que notre vision du monde ne peut être que parcellaire, et que c’est à chacun de nous de remplir les vides engendrés par notre propre découpage afin de construire avec d’autres découpages, pour mieux se comprendre.

C’est la raison pour laquelle mes dessins sont si vides.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

Plastique danse flore ! Où j’ai proposé une pièce qui s’appelle DownsideUp. C’est un festival d’arts plastiques et de danse contemporaine qui a lieu tous les ans, en septembre, au potager du roi à Versailles.

J’ai été invité à réaliser une pièce en 2016. Il a fallu se confronter aux contraintes du paysage et du jardin (lieu historique, pas de mur), ça a constitué un vrai défi.

J’ai fini par réaliser des caisses enterrées avec des dessins sous plexiglas de personnes en contre plongée, les visiteurs étaient invités à marcher sur les caisses pour habiter le dessin. Le plus étonnant, c’étaient la lumière et les ombres, qui changeaient constamment.

Je n’ai pas réussi à prendre une seule photo correcte des dessins, les ombres, les escargots et la pluie ont tout fait pour m’en empêcher, par contre j’ai fait des photos que je n’aurais jamais pu faire ailleurs.

Il y aussi l’exposition De leurs temps (6) organisée par l’ADIAF à la Fondation Yvon Lambert. Yohann Grandsire m’a invité à montrer ma peinture, Extrait de sans titre (03 22502600), qu’il a collectionnée, c’était une exposition de grande envergure et j’étais vraiment heureux de voir mon travail à côté de Raphaël Denis, Laurent Grasso et Théo Mercier.

Emmenez-nous Quelque part

Glide, est l’une des Séries que je suis en train de réaliser pour mon Solo Show 11*10122 ou l’énergie du vide, à H Gallery le 6 juin (je ne suis pas encore certain du titre de la série).

C’est, pour moi, le projet le plus complexe à réaliser de cette exposition à venir, parce que j’ai dû me confronter à des choses que je maîtrise moins comme la sculpture et le fait de travailler avec une ingénieure.

Je réalise des cerfs-volants dessinés, qui à terme devront léviter dans la galerie grâce à un système d’aimants. Ainsi, le week-end dernier, j’ai organisé un micro-rassemblement avec des amis artistes et on a fait voler les cerfs-volants.

J’ai en tête les peintures de Lee Ufan, les cerfs-volants ont plané dans le vide et ont accumulé une énergie potentielle ; lors de l’exposition je pourrai parler de cet événement car je pense que ça rajoute une dimension à l’imaginaire du vide.

Légende Photo :

Axel Roy, Peak, 2020, diptyque : 170 x 200 (chaque), taille totale 200 x 340 cm, huile et acrylique sur toile, Courtesy H Gallery, Paris