Quelles sont vos influences ?
Fellini, Hockney, Picasso, Magritte, Ensor, Nikki de Saint Phalle, Nicole Einsenman, Dana Schutz, Matisse, Ella Kruglanskaia, Tarkovsky, Jacques Demy, Gabriel Garcia Marquez, John Fante, Frida Kahlo, Sylvia Sleigh, Titien, Tintoret.
Vos obsessions ?
Le fait de partir à l’aventure pour chacune de mes toiles, d’avoir une grande part d’incertitude. J’ai vraiment du mal à faire deux fois la même chose. Que ce soit par le sujet, les matériaux, l’assemblage que la peinture deviendra, la peur excitante est moteur dans ma façon de créer. Je crois qu’elle me permet de rester nerveuse et attentive.
Cette sensation de saut dans le vide, d’adrénaline m’obsède un peu.
Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)
« Twister » en ce moment à la galerie Frank Elbaz, une double exposition s’est organisée pour introduire les travaux de Leo Chesneau et de moi-même.
On a tous les deux des approches très différentes de la peinture : je travaille très lentement, mes peintures se construisent en mêlant des symboles et des représentations figuratives à des narrations et des matériaux qui se superposent petit à petit afin de créer une pièce à plusieurs couches physiques et de pensées.
Leo, après une longue recherche de mise en place de sa technique, produit ses pièces rapidement en utilisant un matériel bureaucratique restreint (encre, papier, porte en bois) obsessionnel qu’il « twist » et crée avec un travail de superpositions et de transparence des compositions colorfield vibrantes. Je crois que la temporalité très contrastée de nos œuvres, l’utilisation qu’on a de la peinture, et les couleurs contrastées qu’on applique crée un dialogue réussi.
Emmenez-nous quelque part
Au milieu de l’océan, une eau peu profonde mais remuante, un jeune homme non identifié qui nage et qui affirme la non-existence d’un animal mythologique.
Puis soudainement, comme dans Les dents de la mer cet être mythologique, sorte de lamantin dangereux lui agrippe le pied et essaye de l’entrainer au fond de l’eau.
Je suis sur un petit bateau, pas loin de lui, mais je ne peux rien faire. La marée descend je retrouve cette personne sur un petit îlot découvert, exactement là où le lamantin dangereux l’a attaqué. Sur cet îlot sableux et doux, grand comme une petite baleine, se trouve un trou dans le sol. Un petit trou rond comme un balle de golf, mais profond. On le regarde de près mais pas trop car c’est dangereux.
Ce lieu est connu pour être « le doigt de Jésus ». De temps en temps comme un couteau à marée basse, un long bâton texture ver de terre rose sort par va et viens de ce trou profond qui semble aller jusqu’aux entrailles de la terre, de l’enfer.
Il ne faut pas se faire aveugler par lui lorsqu’il sort par surprise. Et dans mon rêve je me suis dit « tiens, je suis vraiment intéressée par le mystique ».
Légende Photo :
“Le festin des bouches cannibales” – Salon de Montrouge 2019.